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Au Brésil, pour Lula, une première année aux résultats encourageants mais fragiles

« Je me considère comme un homme heureux ! » : détendu, confiant et même radieux, Luiz Inacio Lula da Silva s’est adressé au peuple brésilien le 24 décembre 2023 pour son traditionnel discours de Noël. Cravaté de rouge et tournant le dos à un sapin illuminé, le président est revenu cinq minutes durant sur l’année écoulée à la tête du Brésil : « [En 2023] nous avons labouré la terre, semé les graines, nous arrosons tous les jours. (…) Les conditions sont réunies pour une récolte abondante en 2024 ! »
Lula « le jardinier » est optimiste sur sa cueillette et, à première vue, a plutôt raison de l’être. De retour au sommet au terme d’une élection présidentielle remportée de justesse face à Jair Bolsonaro, dans un pays sorti hagard, traumatisé par le saccage le 8 janvier 2023 des institutions de Brasilia, le dirigeant de gauche peut se targuer de premiers résultats encourageants, certes contrastés mais porteurs de quelques espoirs.
Lula a énuméré ses réalisations, et d’abord la relance des programmes sociaux : allocation « Bolsa familia », logements sociaux « Ma maison ma vie », plan de santé « Pharmacie populaire »… En un an, le salaire minimum a été réajusté de 16,5 % (davantage que l’inflation) et les investissements ont repris. Trois cents milliards d’euros ont été débloqués sur quatre ans pour un vaste plan centré sur le développement des infrastructures.
Le président brésilien a donné des gages à des marchés qu’il sait hostile au Parti des travailleurs (PT). Un nouveau cadre fiscal plafonne désormais l’augmentation des dépenses publiques à 70 % de la hausse des recettes par l’Etat. Mi-décembre, une simplification inédite des taxes sur la consommation a été votée au Congrès, une incitation providentielle à investir dans un Brésil hautement bureaucratique doté d’un système d’imposition byzantin.
Entre relance et orthodoxie, cette première « moisson » a porté ses fruits. Le PIB doit croître de plus de 3 % cette année, bien au-dessus des prévisions des économistes. Le taux de chômage (7,5 %) est au plus bas depuis 2014, le prix des aliments est en baisse et les Bourses sont à la fête : l’indice Bovespa de Sao Paulo a atteint des niveaux jamais vus à 134 000 points et l’agence Standard & Poor’s a relevé la note du Brésil de BB- à BB.
Au-delà, le gouvernement a tenu à marquer sa différence avec l’ère Bolsonaro. En Amazonie, les résultats ont été rapides : la déforestation a chuté de moitié en 2023 par rapport à 2022, avec un peu plus de 5 000 kilomètres carrés détruits, selon les premiers chiffres de l’agence spatiale brésilienne. L’exécutif a repris la lutte contre la faim, rétabli les restrictions sur la vente d’armes à feu, multiplié par dix les amendes en cas de non-respect de l’égalité salariale entre femmes et hommes.
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