Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Beatrice Alemagna, Cabu, Albert Dubout… Les beaux livres d’images du « Monde »

« Alphabet Alemagna », sous la direction de l’association Hamelin
L’enfance n’est-elle qu’innocence, amour et découverte ? Parcourir l’œuvre de Beatrice Alemagna convainc définitivement du contraire. L’autrice, née à Bologne (Italie) et installée à Paris, monument de l’illustration jeunesse, n’a jamais hésité à évoquer la gêne, la peur et la violence. Et pourquoi pas le dégoût, source inépuisable de rire, par exemple lorsqu’un petit garçon se prenant pour un singe fait l’expérience d’un petit déjeuner aux poux ? A cette œuvre originale et foisonnante il manquait une étude détaillée, par critiques et experts, ici présentée à la manière d’un dictionnaire. La monographie accompagne le lecteur jusque dans l’atelier, lui faisant découvrir la sévérité graphique avec laquelle Beatrice Alemagna sélectionne ses personnages – les excluant sans égards du casting et les repêchant parfois après plusieurs années de maturation. A. L. G.
« Alphabet Alemagna », sous la direction de l’association Hamelin, La Partie, 160 p., 25 €.
« Indiana », de Claire Bouilhac et Catel Muller, d’après George Sand
La jeune Indiana et son mari se toisent. « Qui est le maître, ici, de vous ou de moi ? », s’énerve le vieil homme. « Vous pouvez lier mon corps, mais sur ma volonté, Monsieur, vous ne pouvez rien », réplique l’épouse en colère, aux faux airs d’Isabelle Adjani. Paru en 1832, Indiana, le premier livre que George Sand rédigea seule et publia sous ce pseudonyme, n’a rien perdu de la force qui en fit un immense succès. L’adaptation très réussie qu’en proposent les dessinatrices Claire Bouilhac et Catel Muller permet d’entrer avec aisance dans ce récit où s’aiment et s’affrontent une toute jeune femme, son époux autoritaire, ainsi qu’un séducteur égocentrique et manipulateur. Indiana va-t-elle se laisser dompter ? Jalousies, vengeances, « délicatesses du cœur », tous les ingrédients sont réunis pour un parfait drame romantique. Sand y ajoute une touche sociale, complexifie ses personnages et entrelace si bien ses fils narratifs que, cent quatre-vingt-dix ans plus tard, les lecteurs ne lâchent pas la main délicate et ferme d’Indiana avant la toute dernière page. De. C.
« Indiana », de Claire Bouilhac et Catel Muller, d’après George Sand, Dargaud, 176 p., 25,50 €, numérique 17 €.
Vive le sport !, de Cabu
Cabu n’aimait pas le sport. Il aimait en revanche beaucoup le dessiner, soit pour dénoncer ses travers (dopage, hooliganisme, corruption…), soit pour transformer les leaders de la classe politique en boxeurs de seconde zone ou en footballeurs du dimanche. Née au lycée de Châlons-sur-Marne pendant les cours de gymnastique, cette saine détestation de l’effort physique ne l’a pas empêché de travailler pour L’Equipe Magazine au milieu des années 1980, ni de partir en reportage dans des compétitions, crayon en poche : marathon de Paris, Roland-Garros, Tour de France… Sans oublier cet improbable déplacement de l’équipe de France de football à Tirana en 1990, seul moyen pour lui de mettre les pieds dans l’Albanie fermée de l’époque. Ce recueil de 430 dessins collectés sur cinq décennies ravive le trait jouissif et la fulgurance d’esprit du dessinateur assassiné en 2015 dans l’attentat contre Charlie Hebdo. Sa verve poétique aussi, comme lorsque, en 2003, rêvant à des Jeux olympiques qui se tiendraient à Paris, Cabu imagine une descente de la tour Eiffel à vélo ou une épreuve de natation dans le grand bassin du jardin du Luxembourg. F. P.
Il vous reste 40% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish